Seul sifflet français au Mondial 2018, Clément Turpin, 36 ans, a élargi sa palette sportive et fait ses premières armes d’arbitre avec l’USEP. Une expérience qui a conforté son désir naissant de faire carrière dans le sport.
Clément Turpin, quel souvenir gardez-vous de vos rencontres sportives avec l’USEP, à Montceau-les-Mines et en Saône-et-Loire ?
Celui d’un sport au goût différent. J’ai pratiqué le foot, le volley, le tennis en club, mais faire du sport à l’école change beaucoup de choses : j’avais l’opportunité de m’adonner à ma passion à côté des maths ou du français. Le sport à l’école permet également de rebattre les cartes, de bouleverser une hiérarchie qui existera toujours entre la tête, le milieu et la fin de classe. Chacun se retrouve sur la même ligne de départ.
Quelle autre différence faites-vous entre le sport scolaire et le sport en club ?
L’enfant ne la voit pas forcément tout de suite : il s’engage avec la même passion dans l’activité. Mais l’attachement au respect des autres et de la règle est plus marqué en USEP. Moins de « championnite » aussi, davantage de pratique pure.
Vous souvenez-vous d’une rencontre ou d’une activité en particulier ?
Je me souviens des Jeux départementaux : toute une journée où l’on pouvait expérimenter une quarantaine d’activités. C’était la première fois que j’enfilais des gants de boxe ou que je m’asseyais dans une embarcation d’aviron ! Nous pratiquions aussi l’escalade à l’école : un mur avait été équipé dans la cour, et après avoir observé l’avancement des travaux nous étions impatients de l’essayer… Tout cela était principalement impulsé par un maître, dans la classe et dans l’école, et cette dynamique trouvait en moi un écho très sensible.
Avez-vous été juge ou arbitre sur des rencontres ?
Oui, j’ai fait mes premières armes d’arbitre et de juge à l’USEP. Le respect des règles, la prise de décisions faisaient sens pour moi, peut-être davantage que pour d’autres camarades. Mon parcours professionnel en atteste…
Votre pratique sportive scolaire a donc eu une influence sur celui-ci…
Oui, et pas seulement dans ce choix de devenir arbitre. À 10 ans, on n’aspire pas à devenir arbitre, on veut jouer ! L’USEP a renforcé ma passion du sport et m’a donné envie d’en faire mon univers professionnel. Elle a donné de la consistance à un souhait enfoui au fond de moi, l’a transformé en conviction.
Votre épouse est professeure des écoles, sans qu’il y ait de l’USEP dans son établissement. Discutez-vous avec elle de son enseignement de l’EPS ?
Bien sûr, car avant de devenir institutrice elle a été plusieurs années professeure d’EPS en collège. Elle a toujours hésité entre les deux, et s’est finalement tournée vers le primaire car elle avait du mal à ressentir l’impact de son enseignement sur des élèves qu’elle ne voyait que quatre heures par semaine. Elle se réalise aujourd’hui dans ce métier de maîtresse d’école.
Vous êtes parrain de l’USEP de Saône-et-Loire. À ce titre, vous étiez notamment venu échanger avec les enfants lors d’une rencontre rugby…
C’était un échange sur le terrain, sans grand discours. Je n’avais pas de message particulier, ni de conseils précis à leur délivrer. Je leur ai simplement dit que c’est courageux, quand on a 8, 10, 12 ou 14 ans, de prendre un sifflet et de dire à ses camarades : « Je vais tenter de vous aider à pratiquer votre sport. » Car c’est cela le rôle d’un arbitre.
Vous faites aussi de la pédagogie en montant de temps en temps sur les planches des théâtres avec un one-man-show sur l’arbitrage…
J’essaie de balayer les préjugés et les idées reçues, et de dépoussiérer la vision triste et austère qu’on a souvent de l’arbitrage. Je le rends rock’n’roll, avec un discours concret, punchy, et en montrant combien il est excitant d’être au cœur du jeu.